QUAPAC HUCHA, LE « GRAND DON » DE SACRIFICES
Pour les incas, le plus grand hommage qui pouvait être fait à un ancêtre ou à une divinité était le sacrifice humain. Contrairement aux Aztèques de Mésoamérique, les sacrifices honorés par les incas avaient lieu en deux circonstances exceptionnelles.
La première était la mort d’un seigneur ou d’un roi, pour lequel était sacrifiée une partie de ses épouses et de ses serviteurs ; ils étaient enterrés avec lui afin de l’accompagner dans le monde d’en bas, des ancêtres.
La deuxième circonstance avait lieu lors d’une grande cérémonie, appelée Qhapac Hucha, le « grand don », dans des occasions critiques pour l’Inca : accession au pouvoir, naissance d’un fils, maladie ou préparatifs d’une guerre. Un très grand nombre de sujets venus de différentes provinces de l’empire participaient à cette cérémonie ; ceux-ci réunissaient des offrandes (tissus précieux, coquillages de spondyle, or, argent, bétail, jeunes enfants, etc.) qui étaient ensuite transportées à Cusco par les prêtres et les caciques locaux. Toutes les offrandes étaient amenées sur la place principale de la cité et présentées aux divinités et aux momies royales, sorties pour l’occasion. Après l’accomplissement d’une série de rites et de prières, débutaient les sacrifices : des objets étaient brulés ou enterrés et l’on arrachait le cœur d’un grand nombre de lamas et de certains enfants choisis pour les offrir aux divinités. Pour mener ces grands évènements unificateurs, les prêtres réunissaient des enfants d’une dizaine d’années de tout l’empire et récompensaient les familles par des fonctions gratifiantes ou des biens matériels. Après avoir été sacrifiés, les enfants devenaient les objets des cultes locaux.